Larmes ferroviaires
Dans le train une inconnue pleure
Silencieuse et suffocante,
Ses yeux masqués de verres noirs
Dégorgent de larmes cinglantes
Ses mains désespérément
En cent-quarante signes à la fois
Tapotent le maudit écran
Destin en jeu à chaque envoi
La guerre est perdue
Tu le sais et tu hurles
Serrée dans la foule, reine nue
Ton cri intérieur te convulse
J’aimerais t’enlacer, hélas
Te dire qu’aussi j’ai aimé
Que la vie est bien dégueulasse
Pas même digne d’être sacrifiée
Minuscule parmi les sièges
Invisible dans la routine tassée
Elle s’effrite, se désagrège
J’entends, elle crie sa vie brisée
A ses yeux je parais sereine
Dans le train, une fille se noie.
M’aurais-tu vue, il y a des semaines?
Cette fille-là, ce n’est plus moi.